La prise de risque (à la française)

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C’est un peu sous le coup de la colère, de la rage, de la peur et de la tristesse que j’écris ce blabla.

Je n’ai jamais été un couillu dans ma petite jeunesse, la peur de me casser un bras, de rentrer à la maison avec un oeil au beurre noir ou autre connerie de ce genre. Mais j’ai toujours voulu tenter des trucs, essayer et voir si ça marche. Bref, de l’expérimentation sans trop de danger.

Jusqu’au jour où j’en ai eu assez, plein le cul de faire comme on me dit, plein le cul de suivre les lignes toutes dirigées et pré-inscrites – faut avoir un bon métier pour bien gagner ta vie.

C’est vers l’age de 13 / 14 ans que j’ai pris conscience que je devais quitter le cocon familial (ou plutôt maternel), mais attention, sans trop prendre de risque, pas trop de mise en danger. Loin de là l’idée de fuguer ! Non non, j’ai juste demandé un RDV avec le monsieur de la Marine Nationale pour partir à Brest et faire mes études dans un lycée militaire. J’habitais à ce moment là, loin des océans, à Luxeuil-les-bains dans l’est de la France (dans le 70, je sais tu ne connais pas mais wikipedia va t’aider). Luxeuil, ville dortoir de militaires … de l’Armée de l’Air !

Bon t’imagines la tronche de ma maman chérie lorsque je lui ai annoncé mes ambitions !

Non mon fils, tu ne me quitteras pas maintenant !

Fait chier moi qui voulais ENFIN prendre des risques BORDAYL !

Fin de troisième, l’orientation fatidique qui va définir plus ou moins ton avenir : bah je me casse en internat, loin de la maison (enfin pas trop quand même, faudrait pas que je me mette en danger hein !), je choisis donc un BEP électronique à Gray (encore une fois, wikipedia va t’aider). Pas très bon élève au collège, bidouilleur depuis mon plus jeune âge, cette orientation était parfaite et je pouvais enfin prendre un peu de risque.

Tout s’est super bien passé pendant ces 2 ans d’internat, je mesurais 1m35 à 15 ans, je côtoyais des gars de 2 ans de plus que moi, j’ai découvert l’argent, la drogue, la boisson et les femmes. je suis passé de l’élève très moyen à un élève excellent toujours en pôle position.

Fin de BEP, je m’oriente vers un BAC Pro MRBT, à Belfort donc toujours en internat \o/ J’aurais pu reprendre un cursus de lycée général, passé un BAC STI et blablabla … mais non, fait chier, je suis bien comme ça et j’ai grandi. Re alcool, drogue et les femmes, re très bon élève avec un Bac mention bien et 20/20 en maths (putain j’en suis fier) !

Fin de Bac pro, direction l’IUT de Nancy pour un DUT GTR et là c’est le drame. Moins d’alcool, moins de drogue, moins de femmes mais surtout un fossé entre les gars sortant de Bac Maths option Maths. Le risque était grand, mal calculé, peu de moyen financier (boursier en cité U dans une chambre de 9m2 sans chiottes ni douche), j’ai donc pris ma première grosse claque car impossible de redoubler sans perdre les bourses (wouais wouais, c’était comme ça dans le temps !) donc dépression et année sabbatique ! Retour à la maison, démotivé sans grande conviction pour mon avenir. Ce risque, je l’ai pris, seul, contre l’avis de mes parents. Mais merde, c’est qui qui gère ta vie ?

Fin de l’année sabbatique forcée par la mise en demeure de ma mère : tu trouves du boulot ou alors tu quittes la maison !

Oulala, dis donc ça ne rigole plus, va falloir que je me bouge. Bon, bosser pour bosser, que pourrais-je faire qui me botte le cul tous les matins ? Mais l’Armée bien sûr 🙂

J’ai horreur des cadres, des règles, mais paradoxalement je suis quelqu’un de carré, faut que ça file droit. Donc cette prise de risque (m’engager dans l’Armée) n’était pas si crétine, juste le risque qu’au bout de 15 jours les gradés me fassent trop chier et que je me casse.

Mais non, j’y suis resté un peu plus de 9 ans, jusqu’au jour où j’ai eu envie de faire autre chose ! Haaaan, la GROSSE prise de risque, tu quittes un statut d’assimilé fonctionnaire, encore 8 ans de plus et tu peux partir avec une « retraite militaire » (qui n’en ai absolument pas une soit dit en passant), ton avenir est tout tracé (wouais parce que depuis le BEP je cotoie les pôles positions dans les différents concours que je passe), je suis un bon militaire mais je décide de me barrer ! Oui, quand je ne me fais plus plaisir, je change …

Alors hop, j’ai 2 ans de chômage devant moi, j’ai envie de monter une entreprise donc je fonce. Je mets en péril mon couple (avec enfants), je suis limite SDF mais j’ai monté MA boite (ok, je bouffe des patates tous les jours, mais je me fais plaisir), j’ai entrepris, je suis chef d’entreprise, je prends des risques tous les jours … bon, va falloir se payer un jour non ?

Au bout de 2 ans, avec comme responsabilité 2 salariés, j’arrive à me payer, un peu, pas trop, les salariés avant tout. Et ça …….. c’est la base ! Le social dans une entreprise, c’est ce qui fait tourner la boite.
Ça fonctionne bien, on augmente les salariés, on s’augmente, on se meuble, on part en vacances, on consomme sans compter … La belle vie quoi. Puis un jour, la cata, un client (un connard de requin qui n’hésite pas à faire jouer sa puissance pour te détruire) qui te fout devant les tribunaux, les huissiers qui débarquent au bureau, les salariés qui commencent à avoir peur, tu ne dors plus, tu te demandes comment sauver les emplois alors tu diminues ton salaire (divise par 2 les 2K€ nets, tu verras ça fait du bien à la tréso). Des risques que tu gères plus ou moins bien, avec ta famille, ton foyer et tes enfants qui te demandent pourquoi on ne part plus en weekend. C’est le risque de l’entrepreneuriat !

On n’arrive pas à remonter la pente, on licencie (putain, le truc qui fait le plus mal dans ce genre d’histoire) et au final, tu revends tes parts parce que prendre des risques c’est bien, mais se mettre en danger c’est autre chose !

Je vais arrêter là avec ma vie et mes prises de risques toutes relatives car ça fait 4 ans que j’en prends encore tous les jours et que j’en fais prendre aux gens qui m’accompagnent.

La prise risque (à la française) c’est de ne pas faire si c’est couillu, ne pas faire de peur de se manger la tête sur le bitume, « on s’interdit trop d’choses à cause de cette putain d’idée d’plaire, on s’interdit d’faire dans l’idée d’plaire, on s’interdit alors qu’on ne risque rien« .

J’ai cette philosophie qui me pousse à essayer, à tester, à expérimenter et à me planter. Car oui, un enfant quand il apprend à marcher, il chute, mais il se relève, il tombe mais recommence jusqu’à ce qu’il y arrive.

Ma colère s’est atténuée en écrivant ce blabla, ma tristesse est toujours là. Je comprends ce que ressentent nos parents lorsque nous sommes adultes, quand on prend des risques et qu’on se prend des claques, je ressens précisément ce que ça fait de voir son bébé grandir, s’émanciper puis tomber.

Il ne reste plus qu’à l’aider à se relever !


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Commentaires

3 réponses à “La prise de risque (à la française)”

  1. Avatar de Mimi
    Mimi

    + 1 🙂

  2. Avatar de Véronique
    Véronique

    Tu ne seras pas tout seul à relever le bébé <3

  3. Avatar de Philou_
    Philou_

    L’image est belle, mais on fait un enfant a deux, parfois seul, est la responsabilité repose sur 2 petite épaules.
    En fédérant un groupe pour monté un projet, celui ci devient beaucoup moins vulnérable aux échecs et petits incidents de parcours. Le projet reste solide car le groupe est constitué de personnes imparfaites, mais qui se serrent les coudes et maintiennent la structure vivante, vivace, solide.

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