Lettre ouverte à Kreizenn dafar

Il était une fois… une bande de potes qui se réunissent dans un centre social (le point du jour) pour créer une asso ! Une association, loi 1901, enregistrée en préfecture, avec un compte bancaire et une assurance. On avait besoin de ça, juste ces quelques petits éléments et quelques ambitions partagées.

Il y a 5 ans je commençais à travailler sur un truc pour Saint-Brieuc et son agglomération, citoyen voulant faire évoluer un peu les choses, dans notre compréhension de notre environnement, numérique mais également dans le monde de la viande.

Il y a plus de 5 ans, cette même bande de potes invite Benjamin Bayart, Kehops, Okhin et Nicolas Diaz à venir jouer avec nous le temps d’un weekend, monter un darknet et boire un coup, bon on fait une conférence aussi « Printemps arabes, internet et démocratie ». On est allé plus loin dans le délire, on a déconnecté 2 hackers de Telecomix – hacktiviste avec nuits blanches pour sauver des syriens – le temps d’un dimanche en leur faisant visiter notre baie.

Il y a plus de 5 ans naissait Kreizenn dafar, par accident « programmé », juste pour jouer avec des gens qu’on côtoie sur les réseaux…dans le cyber monde.

Un accident programmé car c’était la première marche à franchir afin d’impulser une « conscience numérique » – aider par les médias (en bien ou en mal) – à nos enfants, les enfants des voisins et copains des enfants, un petit réseau briochin utilisateurs d’un petit service web qui se nome « Twitter« , afin de comprendre et agir « bisous Tristan ».

La Cantine Numérique de Saint-Brieuc ! Alors cette question d’appartenance à un réseau national s’est posée au moment du DUCA. Wouais tu vois, à l’époque « Cantine numérique » c’est une marque déposée, un label, donc bon faut faire preuves pour y accéder.
La Cantine Numérique de Saint-Brieuc commence à faire parler d’elle, grâce notamment au DUCA et je pars le 12 avril 2013 à Paris – à la Cantine Numérique de Paris (aujourd’hui NUMA) – présenter le projet, construit par et pour son territoire, avec des moyens mesurés et BIIIIM !

Pas de cantine à Saint-Brieuc. Normal, tu comprends, on n’a pas suffisamment d’envergure, pas d’écosystème fédéré, pas suffisamment de budget prévu, pas assez de partenaires privés et publics. La merde quoi ! Bon, on est « labellisé » tiers lieux associés, bref.

Finalement ça n’a pas changé la motivation de cette bande de potes pour impulser un truc un peu nouveau à Saint-Brieuc, dans les façons de faire, de penser et d’agir sur nos environnements « monde » en transférant les savoirs ou facilitant les rencontres.

Après 2000 RDV avec des propriétaires divers et variés me proposant des locaux divers et variés également, une proposition arrive et la:matrice ouvre ses portes le 21 mai 2013, ensuite vous connaissez à peu près (CoMiam, ateliers, Apéro, présentation de techno, gros événements …) tout ça monte en puissance, prend une vitesse relativement dingue (relativement car je suis toujours debout mais j’en reparle plus bas), implique et occupe énormément de bénévoles et devient parfois un terrain de confrontation alors que l’espace n’est pas fait pour ça.

Le Co, le co partout, tout le temps, on répète, on écrit parfois, le co à tout prix, c’est devenu tellement une « norme » à un moment, à force de le répéter, qu’il m’est vite devenu insupportable, on me l’a bien fait sentir … La remise en question est très vite arrivée, faire un pas de coté, prendre du recul, lâcher prise ! Sur le coup tu fais Wouais WOuais WOUAis ! Mais grâce à la bienveillance de mon entourage personnel mais surtout professionnel, je travaille sur moi …

Les budgets montent, les projets explosent. 3, 4 voire 5 projets en même temps, des dizaines d’interlocuteurs différents, des partenariats importants, des choses qui nous passionnent, c’est ça Kreizenn dafar et l’asso n’a que 5 ans. Les difficultés financières récurrentes, le manque de moyens humains, les changements politiques à chaque élection sont toutes ces « petites » choses qui nous poussent à aller plus loin. A tester des choses, expérimenter, explorer des mondes qui nous sont inconnus afin de s’améliorer constamment, par itération, par agilité … Je ne vous cache pas, vous le savez tous très certainement, cette tension continue que subie la gouvernance de cette association, montée par une bande de potes qui voulaient juste jouer avec des hackers :p, est fatigante, usante voir stressante. Je ne remercierai jamais assez toutes ces personnes ayant traînées leur chaussures dans les méandres chaotiques de notre gouvernance (Président, Co-président, jaune d’oeuf, administrateurs …).

Il y a 5 ans je prévoyais ça :

Il y a 5 ans, je dessinais ça :

Les principaux objectifs de ce mémoire sont réalisés. Il y a des manques, des modifications, des améliorations … C’était il y a 5 ans, mais je pense être au plus juste voir petit Level up de ce que j’ai écris à l’époque.

Aujourd’hui la bande de potes a bien grandie, elle s’est diversifiée aussi. Les projets se compilent dans la:matrice qui génère un événement en règle générale.

Nous ne faisons pas de démarche commerciale, nous sommes une association. Nous n’entrons pas encore dans le champ de la concurrence car nous sommes encore innovants. On vient nous chercher, on entre dans des projets colossaux, on a plein de suivi à faire, on doit rester en contact avec le·s territoire·s, rencontrer des gens, monter des projets, être fiers de tout ça. C’est Kreizenn dafar, c’est votre association.

Aujourd’hui, j’ai atteins mes objectifs écris il y a 5 ans. J’ai réalisé autant que je pouvais, les ambitions portées par ce mémoire. L’évolution de l’écosystème briochin (s’il en faut vraiment un) continue mais commence à se cristalliser. C’est bon de se sentir acteur de cette transition, non ?

C’est pas parce que nous sommes dans différents projets d’ampleur, que les financements sont en conséquence pour un développement « correct » de l’association. L’épuisement des bénévoles et des salariés se fait sentir tout au long de l’année, mais grâce à vous, nous sommes nombreux. Exemple : Armor code et le PIA Jeunesse ne remboursent que 50% des dépenses, il faut donc trouver d’autres financements.

Nous avons cette chance depuis 5 ans, de pouvoir innover, tester, expérimenter à tout va, même jusqu’à se mettre en péril. Vous n’en n’avez peut être pas conscience, même pas un quart de demi poil de cul de souris. Ce n’est pas un reproche, bien au contraire, c’est vous et nos partenaires qui nous laissent autant de liberté. Une trésorerie sur le fil du rasoir parce que pas de visibilité à plus de 12 mois (plutôt 6 mois en fait), des ressources humaines très limitées, mais surtout des gens. Des gens avec des idées plein la tête et super motivés, forcément ça ne peut créer que de l’innovation.

No risk, no fun !

Ça y est ! On y est ! Le nerf de la guerre (pour Kreizenn dafar) ! Le risque ! Ce foutu risque que l’on prend tous les ans à ne pas faire comme l’année précédente. Forte de ses apprentissages, l’association monte en compétences, chacun d’entre vous ayant côtoyé un autre membre, ou une personne totalement inconnue, à la:matrice ou ailleurs, lors d’un CoMiam (Big up Glen qui relance ces events), vous avez échangé (peut être c’était chiant sur le coup) et partagé « un peu » des autres.

Aujourd’hui, grâce aux projets GEN qui naissent par ci par là, je retrouve des objectifs, de territoire ! Wouais, encore de territoire, parce que le Ludo, il aime son territoire, il veut le meilleur pour ses enfants alors il travaille à la construction d’un petit bout de leur avenir, si possible ici.

Le risque, ce truc qui te donne l’adrénaline suffisante pour te surpasser, toi qui a des craintes sur tes compétences, qui n’en a pas conscience. Toi qui chaque jour, à force de rencontres, d’éducation, de cours, de visionnage de vidéos, de lecture dans les internets, tu aiguises ton sens critique, tu prends conscience de ton environnement donc de ton avenir. Le risque, on prend des risques tous les jours. Plus ou moins mesurés, plus ou moins voulus, tous les jours nous prenons des risques. Aller chercher une baguette de pain de l’autre côté de la rue c’est prendre au moins le risque de se faire renverser en traversant. (Je déconne peut être, mais c’est à peu de chose prêt ça).

C’est pas drôle, mais c’est fun !

Aujourd’hui c’est avec cette phrase que je résume mon job aux copains, lors d’événements un peu particulier, avec des prises de risques. C’est pas drôle non, parce qu’on en chie tous les jours, quand c’est pas la charge de taff qui te plonge en apnée, c’est la lenteur de certain process qui te rage. Mais c’est fun parce qu’on apprend tous les jours, on s’adapte, on calcule, on se fait plaisir.

On se fait plaisir.

C’est une expression commune dans le jaune d’œuf (2016) de Kreizenn dafar. Si on ne se fait plus plaisir, c’est qu’il y a un problème !
Et c’est vrai, c’est palpable, surtout pour les salarié·e·s.

Il y a plus de cinq ans, naissait une asso, montée par une bande de potes qui voulaient changer le monde. Cette bande de potes s’agrandie chaque jour et évolue, telle un écosystème (sous marin, genre des méduses !) et gravite vers d’autres écosystèmes. Les réseaux, les réseaux, les réseaux !

C’est le moment de se laisser aller, de se livrer, au bout de cinq ans. Kreizenn dafar grandie, Kd est mobilisée (donc militante ?), KD est reconnue, KD est enviée, KD est compétente. Ne l’oubliez pas, c’est principalement grâce à vous. 5 ans après, mes premiers objectifs atteints il ne me reste qu’à en construire d’autres. C’est chose faite depuis longtemps, enfin il y a des forks 🙂 Continuer à pérenniser l’activité, rester cohez., être utile et se faire plaisir, faire évoluer KD ou créer une structure ad’hoc afin d’optimiser le modèle économique, tendre à l’indépendance financière… Autant de challenges à se lancer, peut-être !

C’est pas comme si j’avais fait le tour des possibilités de KD, c’est pas comme si j’étais lassé de tous ces projets, toutes ces rencontres. Non, non ! Bien au contraire.
Mais vous comprendrez qu’au bout de 5 ans, nous pouvons prétendre aux risques, nous pouvons prétendre aux challenges et donc accélérer les choses comme nous savons faire. Nous pouvons encore et encore faire joujou avec des hackers. Nous pouvons dans le même temps positionner KD comme une référence dans son activité.

Oui, vous êtes en droit de vous demander à quoi sert mon ETP, qu’est ce que je fous toute la journée, est-ce que je réponds bien aux attentes de la gouvernance de KD ?

Je n’ai pas de réponse toute faite, simplement un rapport d’activité, un bilan moral et un bilan financier. Ces différents documents sont des synthèses de l’activité de l’association, tout n’y est pas, les RDV, réunions, ateliers et rencontres ne sont pas notifiés. Heureusement, car il nous faudrait faire une AGO de 5 heures minimum (on peut le faire).

Ça fait 4 ans qu’on te paie Ludo !

Cette phrase me reste bien en travers de la gorge, car oui ça fait 4 ans que l’association me verse un salaire, sur des financements et actions majoritairement trouvés par bibi.

Cette phrase veut soit en dire beaucoup, soit c’est juste un constat, mais veuillez m’excuser de ma spontanéité et de mon incapacité à savoir si les actions que je mène vous convienne : je suis payé mais je ne fais pas le job ? Je suis payé mais je ne suis pas suffisamment productif ? Je ne sais pas, enfin j’ai mon idée, tout comme l’idée du salaire incohérent qui va en lien avec le travail que je fourni. Si la situation ne vous convient plus, je suis prêt à en échanger.

Dans l’autre cas, on continue ? Si oui comment ? Quelle stratégie pour l’avenir ?

Et moi dans tout ça ?

Moi, NkL4 ou Ludo, je suis qui, je fais quoi maintenant ? La question se pose évidement de votre côté, même si vous ne l’avez jamais pensé, la question se pose si l’on continue.

On fait comment ? Je vais vous aider, il y a une semaine exactement (référence temps, la date et heure de publication de ce billet), mon empathie, mon « état d’éponge », ma capacité a gérer mes émotions m’ont lâchés. j’ai craqué. J’ai pleuré. J’ai encaissé, on m’a parlé, on m’a soutenu; j’ai réfléchis. Pas trop longtemps car il parait que ça donne mal à la tête. Pas trop longtemps car ma décision est prise depuis des nombreux mois sans jamais ne l’avoir réellement explicitée ! Je veux faire autre chose, autrement, avec les moyens en conséquence. 

Kreizenn dafar, la:matrice sont mes projets. Dans le sens où je les ai porté. Portés dans leur construction, les rencontres, le DUCA ESS, les négociations, les preuves à apporter, les réunions, les projets, la compta, les Conseils d’Administration, les AG, les RDV, les comptes rendus, l’accueil de coworkers, la relation presse, les interventions en universités / collège / Centre culturel / collectivités, les mises en relation, les demandes de subventions, … Je ne suis qu’un petit d’homme, je ne suis pas assez fort seul.

Mais t’es pas tout seul mon Ludo !

C’est exact, je ne l’ai jamais été, sinon on ne serait jamais arrivé à ce niveau d’excellence qu’est cette association Kreizenn dafar.
Je ne suis pas seul, mais il y a des périodes où nous ne sommes plus que 2 ou 3. On n’y peut rien, c’est cyclique. Les mandats ! Les mandats politiques politiciennes oui, mais également les mandats des dirigeants d’association.

Aujourd’hui, au vu de l’activité de Kreizenn dafar, nous devrions être 1,5 Équivalant Temps Plein (ETP). On ne coupe pas une personne en deux hein, c’est juste un terme qui vient principalement du nombre d’heures nécessaires par mois à un humain pour réaliser une tâche.
Un mi temps en gros, ça c’est la vision basse.
Chez Kreizenn dafar nous sommes aujourd’hui 2 ETP salariés. Pour que tout fonctionne à peu près bien, 3 ETP serait plus correct.

Mais bon, tu comprends, on n’a pas le budget !

Pour rappel, nous avons ouvert la:matrice le 21 mai 2013, je suis salarié depuis novembre 2013. J’ai été le coordinateur « bénévole » de KD pendant 5 mois, tous les jours, 7 à 13 heures de boulot.

On m’a embauché, on a embauché Amélie, Camille pour remplacer Amélie lors de congés maladie, embauché Glen, sans perspective à plus de 6 mois (j’exagère à peine). Tu vas me dire, vous êtes cons d’embaucher sans savoir si vous pouvez payer !
C’est pas faux, no risk no fun.

Certes, aujourd’hui nous n’avons pas les moyens d’embaucher. Mais demain, si vous vous donnez les moyens, alors c’est envisageable.
Je mets beaucoup d’espoir à avoir transféré, transférer encore, à Glen surtout <3. Mais aujourd’hui il est temps de faire autre chose, autrement, avec les moyens en conséquence. 

J’ai 40 ans, 4 enfants à éduquer, je n’ai pas de quotidien, j’ai des insomnies, j’ai des oublis, je peux être agressif sans aucune raison apparente. La tête pleine. Je n’ai pas envie de me plaindre, nous sommes beaucoup dans cette situation. Je ne me plains pas, j’explicite la chose.
Je veux pouvoir faire les choses bien à 100% et ne pas me disperser 5 à 10 fois dans la journée. Pouvoir me concentrer sur une chose pendant toute une journée de travail et ne pas y repenser le soir, avant de me coucher, aux moments où mes yeux s’ouvrent dans la nuit, au petit matin avant d’avoir pris un bon café.

Désolé de ne pas respecter les protocoles !

Chères adhérentes adhérents, chers membres du conseil d’administration, chers membres du jaune d’oeuf;  mesdames et messieurs, je suis officiellement ouvert à une évolution de carrière, à toutes opportunités professionnelles.

Cette année 2017 sera un virage dans la vie de Kreizenn dafar, elle sera l’aboutissement d’une scalabilité vertigineuse ! Et pour moi, un repositionnement 😉

Mémoire DUCA mention ESS


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Commentaires

2 réponses à “Lettre ouverte à Kreizenn dafar”

  1. Avatar de Mimi5
    Mimi5

    Je ne l’ai jamais lu ton bouzin mais va falloir que je m’y colle 😉 – si je le retrouve !
    Courage poto ! Je comprends tout à fait ton ressenti et tes frustrations (depuis j’ai changé de place 😉 ).
    Va falloir qu’on prenne un pot pour refaire le monde si ça te dit 🙂
    Je te fais plein de gros bisous tout baveux et surtout, surtout : PRENDS SOIN DE TOI !
    Yo !

  2. Avatar de NkL4
    NkL4

    Merci Mimi <3

    Mon mémoire DUCA est disponible en libre téléchargement, en bas de ce billet 😉

    Bises,

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